Le journal satirique régional "Le Ravi" a proposé au collectif une tribune libre dans son journal pour expliquer dans le style de leur mensuel, la procédure de rattachement. Deux textes ont été rédigés par des auteurs mouginois. Voici le premier :
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« Ravissant projet » s’est écrié le hobereau de Mougins en levant les bras vers le ciel du pouvoir pour que les foudres de sa mégalomanie s’abattent sur le village voisin et ensevelissent à tout jamais la qualité de vie que son homologue de Mouans-Sartoux a su offrir à ses citoyens : commune pilote dans le département pour la qualité de sa gestion mais aussi le montant particulièrement favorable de ses taxes, la richesse de sa vie culturelle, l’ambition d’ouvrir à ses enfants l’Espoir d’un devenir plus serein.
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Ravi, mais pas naïf, il a entonné, cynique, un alléluia de satisfecit quand un promoteur, généreux mécène évidemment, lui a suggéré d’implanter sur ses terres mais à 500 mètres du cœur du village voisin, tout près de 2 écoles et collé à un IME, un paradisiaque centre de distribution de 32.000 m2 avec, pour illuminer le site de carte postale, l’enseigne phare IKEA, juste après les cascatelles bleu azur destinées à rafraîchir les milliers de touristes du shopping qui, ayant enduré les bouchons sur les voies d’accès, franchiront, ravis, les portes de l’éden de la consommation, avant de faire à nouveau la queue pour enlever leurs étagères, formaldéhyde inclus mais bien dissimulé entre les notices de montage.
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Des centaines de Mouginois du quartier choisi pour subir l’invasion supplémentaire, selon le Conseil Général, de 10.000 bagnoles par jour et 17.000 le samedi, se regroupent et entonnent alors un chant de révolte à l’adresse de leur praticien de Maire, lui qui est censé administrer des potions contre bronchites ou stress : « Entendez-vous dans notre campagne rugir ces féroces voitures qui viennent jusque dans nos murs arracher nos nerfs et nos oreilles ? Au diable, projet malin, cessez vos ambitions, marchons, marchons, qu’un vent plus pur abreuve nos maisons »...
Ouverts au futur, ils suggèrent l’édification d’un lycée type Kyoto, une zone artisanale, une école hôtelière… soucieux de ne pas laisser l’espace choisi en friches, de protéger les vestiges gallo-romains mais aussi de réagir aux besoins de la population. Pas de réponse : l’obstination du potentat local est incurable, l’aberrant projet doit être lustré le plus vite possible, même si le dossier n’est pas aussi bien ficelé que les cartons d’étagères. Le Baron fric, lui, n’attend pas.
Tant pis si l’enquête publique est dénoncée comme partiale, si l’office du tourisme de Mougins outrepasse ses attributions légales en faisant signer des pétitions favorables au projet, si le blog d’un suppôt du Maître est truffé d’insultes et de grossièretés racistes à l’égard des opposants !
Les résistants sont bien obligés d’entendre la « Radio Galy » de leur Maire aux besoins si onéreux. Mais Radio Galy ment. Ils associent alors leur soif de démocratie à d’autres bataillons qui s’opposent à ce démoniaque projet : simulation de bouchon sur les axes qui conduisent au site, réunions ouvertes à la discussion que des agents adverses écoutent en silence mais enregistrent par micro dissimulé pour mieux calomnier et écraser, factice enterrement de la ville de Mouans-Sartoux, dans le silence, derrière le Maire et les banderoles de 24 associations de la région qui refusent aussi d’être dévorées sur l’autel du profit, interviews à la radio et à la TV…
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Puis, face aux mensonges et aux pressions, les citoyens de St Martin consultent le Grand Livre des Lois de la République, sonnent aux portes de leur quartier, expliquent les motifs de leur révolte, discutent, récoltent des signatures et déposent le 2 février un dossier complet à la Préfecture pour demander que leur quartier soit détaché de Mougins et rattaché à Mouans-Sartoux. Une procédure rarissime ! Ils sont 40% à l’avoir ratifiée, bien plus que le quorum exigé. Ils sentent bien que lors du référendum décisif, ils seront plus de 60% à voter le rattachement.
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Alors, il en sera fini des additions du promoteur, de l’ambition démesurée du Maire de Mougins d’écrabouiller son voisin et sa propre population en l’étouffant par encerclement de grandes surfaces commerciales. André Aschieri, le Maire de Mouans-Sartoux, un humaniste, pièce rare aujourd’hui, s’est engagé à interdire toute construction de surface commerciale dans le quartier, comme il a déjà réussi 4 fois à refouler les velléités de géants comme Carrefour.
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C’est alors qu’un éclatant « avis à la population » se propage…Attentive aux alertes sans cesse clamées par les scientifiques et les économistes, la Commission Départementale d’Equipement Commercial réunie le 9 février rejette le projet du Maire de Mougins : pas d’IKEA !
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La forteresse est tombée, le hobereau doit plier son sourire. Le promoteur pressé d’ engranger des dividendes, le géniteur de l’enseigne aux 160 millions de catalogues qui voulait devenir premier du monde, le potentat qui voulait son piédestal et ne plus devoir marcher, comme disent des commerçants du village, sur sa cravate pour éviter de saluer ses serfs administrés devront attendre, voire renoncer. Récemment, la doyenne des conseillers municipaux de Mougins, se prenant pour une nouvelle Jeanne d’Arc brandissant un oriflamme sur lequel elle avait brodé en lettres d’or jaune sur fond bleu «vive IKEA», avait juré fidélité à son seigneur en l’assurant qu’elle était prête à mourir à l’ombre d’IKEA. Les conseillers, sauf deux, s’étaient levés, la larme à l’œil et avaient applaudi, touchés, presque coulés. Authentique. Roulement de tambour. Fermez le ban. Une mise en scène people qui avait dû secouer et donner le blues à son homonyme, la grande Colette Magny ! Le quartier de St Martin devenu « family village » ne deviendra pas non plus un lieu de pèlerinage.
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Reste désormais à achever l’entreprise si bien commencée : le rattachement. Confortés par une première victoire, nous, les « détacheurs » allons poursuivre notre engagement, bien décidés à empêcher définitivement l’implantation d’un nouveau projet de grande surface sur le site. Alors nous serons enfin les ravis, les heureux et non plus les idiots de Mougins !
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